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Le lin, linum sp., famille des Linaceae, est une plante herbacée annuelle de régions tempérées, à croissance rapide, à fleurs bleues. En France, la culture se pratique dans le Nord et la Picardie, la Normandie, la Bretagne et l’Anjou. La récolte a lieu environ quatre mois après les semailles.
Le lin, une histoire longue comme l’humanité
L’exploitation du lin a une longue histoire. Le lin a été certainement l’une des premières fibres utilisées par les hommes. Le lin est originaire du Moyen Orient (Egypte, Perse) et s’est adapté à de nombreuses régions. Les communautés néolithiques du Levant le cultivaient déjà sept mille cinq cents ans avant J-C, avec les premières céréales et légumineuses domestiques. On en retrouve trace en France depuis plusieurs millénaires (cités sub-lacustres du Jura) sous forme de fragments de toile. Les archéologues ont également trouvé des peignes à tisser et à serrer les trames, des pelotes de fils, des aiguilles, des fuseaux de bois utilisés pour le filage du lin.
Quelques repères historiques
- 36 000 ans avant J.C. : Des fragments de fibres, datant de cette période, ayant subi des torsions et contenant des pigments ont été retrouvés en Géorgie.
- 3 000 ans avant J.C. : Le lin se développe dans la vallée du Nil sous l’empire des Pharaons. Il est notamment utilisé pour les rites mortuaires.
- Du XII au VIIIe siècles : Les Phéniciens introduisent le lin en Grèce, à Rome, en Bretagne, en Angleterre , en Irlande, en Espagne…
- VIIIe siècle : Charlemagne développe l’artisanat du lin.
- IX au XVIIIe siècle : le lin devient la fibre la plus utilisée en France. Le nombre d’hectares cultivés culminent à 300 000 ha.
- XIXe siècle : l’industrie du coton se mécanise. Le lin reste encore artisanal. Il est délaissé au profit du coton.
- XXe siècle : la culture du lin est relancée après la première puis la seconde guerre mondiale par des agriculteurs flamands installés dans le nord de la France. Les terroirs du lin se concentrent sur les zones les plus propices le long de la Manche.
- XXIe siècle : La culture du lin représente 75 000 ha en Europe dont 50 % en Normandie. Cette zone approvisionne 85 % des débouchés mondiaux. Le textile reste le premier débouché avec 90 % de l’utilisation de lin. Toutefois, des débouchés techniques émergent comme les composites.
source : http://www.terredelin.com/internet/la-decouverte-du-lin/histoire-du-lin/histoire-du-lin-1188.aspx
Hier, en Bretagne
Le pays des Pilhaouer : http://www.ina.fr/video/CPF86631802
Video 01 Janv. 1964 1597 Vues 28min 19s – Émission La France insolite – Producteur ou co-producteur – RADIODIFFUSION TELEVISION FRANCAISE – Générique : Réalisateur Yves Lemenager – Producteur Jean Bardin – Bernard Hubrenne – Participant Jean Bardin Bernard Hubrenne
C’est en Bretagne dans le pays de Pilhaouer dans le sud du Finistère que Jean BARDI et Bernard HUBRENNE sont partis à la rencontre des derniers chiffonniers. Ils y ont rencontré Monsieur MARTIN un des derniers chiffoniers encore en activité qui a une remise et qui vit à 90 kilomètres de son habitation, soit deux jours de marche.Jean BARDIN a rencontré Monsieur MARTIN, un des derniers chiffonniers, marchands de pilhou (chiffon) ou pilhaouer. Devant sa remise il explique en quoi consiste son travail. Il fait du troc et récupère ce dont les gens veulent se débarasser en échange d’autres marchandises. Il met deux jours pour aller dans les montagnes d’Arrée. Aujourd’hui le marais est devenu un lac artificiel. Au pied de la colline de Brennilis on construit une centrale atomique.Mairie de Botmeur. Interview du maire par Bernard HUBRENNE. Ils évoquent ensemble le métier de chiffonnier.Ce métier est en train de disparaître. Chanson sur le métier de chiffonnier interprétée en breton par un chiffonnier. Yvonnic LAVENANT avec sa femme à ses côtés. Yvonnic habite à Saint-Herbot. Les gens âgés sont gais. Il y a moins de jeunes car il y a moins de travail. Ceux qui s’en vont partent le dos recourbé. Du temps de sa jeunesse tout le monde savait chanter. C’étaient des gavotes dansées lors des travaux des champs. On buvait du cidre. Une vedette de la chanson bretonne madame Fer. Pochette de disques de ses disques. Interviewée dans son épicerie, elle lui fait écouter son dernier disque. A Huelgoat la doyenne des chanteuses du pays Catherine âgée de 91 ans vient d’enregistrer un microsillon. Pochette du disque avec une photo de la doyenne.
Bibliographie Écomusée des Monts d’Arrée
L’industrie des toiles a longtemps occupé une large place dans l’économie bretonne. La matière première de cette activité venait, pour l’essentiel, des plateaux fertiles de la Bretagne nord, notamment du Trégor où le climat humide et doux était favorable à la culture du chanvre et surtout du lin.Pour des raisons diverses, cette activité, jadis si florissante, agonise à l’aube du XIXe siècle. C’ est à ce moment que le Trégor, sous l’ impulsion des élites politiques et administratives du département des Côtes-du-Nord (comme le maire de l’Ermitage-Lorge : Baron du Taya) et à l’initiative d’ouvriers ingénieux (comme le rozpezien Yves Le Bonniec), se lance dans une grande aventure qui va le transformer en une ruche bourdonnante de moulins à teiller le lin et ce, pendant environ un siècle. Le teillage hydraulique à la flamande, revu par des bretons, va faire florès sur le Trieux, le Léguer, le Jaudy et son affluent, le Guindy. Véritable tentative de mécanisation, il conserve néanmoins les caractères et les structures du monde pré-industriel.
En favorisant le maintien dans le pays d’ une main d’ œuvre abondante – à mi-chemin entre la campagne et l’usine – jusqu’à la fin du XIXe siècle et peut-être même un peu au-delà, la culture et la préparation du lin ont entretenu la survivance et la diffusion jusqu’à nos jours de riches traditions populaires.
Croisant le regard de l’histoire et de l’ethnologie, Jean-Yves ANDRIEUX et Daniel GIRAUDON se sont lancés sur les traces de cette épopée, tant dans les archives que sur le terrain, pour essayer de restituer une belle page du patrimoine social, économique et culturel du Trégor et, plus largement, de la Bretagne.
Cet ouvrage a été édité en 1990 par Skol Vreizh.
Kemener, Yann-Ber. « Pilhaouer et pillotou », chiffoniers de Bretagne, 1987
Ce livre traite des chiffonniers de Bretagne. Pilhaouer, pillotou. En Basse comme en Haute Bretagne, ces mots évoquent encore le chiffonnier ambulant qui parcourait campagnes et villes jusqu’à la fin des années cinquante.
Originaire de Loqueffret, Lanfains, La Trinité-Porhoët ou La Roche-Derrien, il achetait des chiffons ou les échangeait contre de la vaisselle. Ce commerce constituait le plus souvent une activité complémentaire nécessaire pour le paysan pauvre de l’Arrée ou de la forêt de Lorge. Dès le XVIe siècle, l’importance économique du chiffon est attestée : il s’agit d’une matière première recherchée qui alimente les nombreux moulins à papier bretons et suscite parfois la convoitise des papetiers concurrents anglais ou normands.
Yann Ber KEMENER, en recueillant les témoignages des derniers pilhaouers de l’Arrée, ne soupçonnait pas au début de son enquête que ses recherches le mèneraient à dépouiller des archives du XVIIIe siècle !
Cet ouvrage est le fruit de ce collectage ; il y rassemble de nombreux documents inédits. Il constitue le premier élément d’un tableau plus vaste que Skol-Vreizh va consacrer aux anciennes activités artisanales et manufacturières qui, jusqu’au XIXe siècle, firent la prospérité de la Bretagne. Il s’agit des industries de la toile et du papier, l’une et l’autre liées au chiffon.
Cet ouvrage est paru en 1987.
L’atelier Musée du Tissage – Rue Neuve – UZEL – 22460 – Tél : 02 96 28 85 81
Article
HISTOIRE DES PILHAOUER
L’âge d’or des chiffonniers – par Claude Péridy – Copyright © Le Télégramme 30-janv.-05
Des hommes pleins de feu
Au pied de la montagne, la paroisse de La Feuillée, où vivote une population miséreuse sur une terre ingrate, constitue en quelque sorte la capitale du chiffon. Comment cette bourgade de la Bretagne profonde, éloignée des villes, est-elle parvenue à sortir de son splendide isolement au point de hisser son « pilhoua mont da bilhoua », au rang de spécialité régionale ? Quelle grâce a donc touché spécifiquement ses pilhaouers, leur permettant de conquérir une célébrité quasi nationale ?
Dans le récit de son « Voyage en Finistère », datant de 1794, le Lorientais Jaques Cambry avance une explication. Selon lui, l’industrie du chiffon a « suppléé l’aridité du sol ». Le caractère imagé et pertinent qu’il dépeint des habitants de La Feuillée aurait en outre développé leur disposition naturelle pour le commerce. L’écrivain s’attendait à voir des rustres, une sorte de « loups des montagnes » confinés dans une ignorance totale. En définitive, il a trouvé des hommes pleins de « vivacité et de feu », s’exprimant plus aisément dans la langue française que la majorité des paysans bretons et « pouvant soutenir le parallèle avec les plus rusés et les plus instruits d’entre eux ». Des hommes courageux de surcroît. Sur les routes dès l’aube, ils « courent à leurs spéculations et ne rentrent chez eux qu’après dix ou quinze jours de route ».
A charge, bien entendu, pour les femmes, de subvenir aux besoins quotidiens.
Face à la concurrence
L’âpreté au gain des pilhaouers les conduit parfois à marcher, sans scrupule, sur les plates-bandes de leurs collègues voisins.
Aux personnes qui s’étonnent de voir de nouvelles têtes, ils répondent par des subterfuges ou des faux-fuyants. Doués d’un sens commercial hors du commun pour la région, ces coureurs de grands chemins se distinguent également par leur goût de l’aventure.
Cependant, ils ne sont pas seuls sur le marché. La concurrence vient aussi et surtout de Normandie et de Saintonge (en Charente) où l’offre, semble-t-il, est inférieure à la demande. Quand ils ne font pas l’objet de trocs, les chiffons sont achetés au poids à l’état brut, si l’on peut dire, puis triés et classés en fonction de la qualité. Le haut de gamme est expédié principalement vers Angoulême où se fabrique un papier supérieur. Les moulins à papier bretons se partagent le tout-venant.
A l’approche du XIX e siècle, la consommation annuelle de chiffons dans le Finistère est de l’ordre de 230 tonnes. Dans les Côtes-du-Nord, elle atteint le double, la majeure partie se répartissant entre Saint-Brieuc, Plessala, Plouha, Plounévez-Moëdec et Belle-Isle-en-Terre.
Sous des dehors économiques somme toute légitimes se cachent néanmoins des pratiques qui, elles, sont parfaitement illicites. C’est ainsi qu’en 1733, le roi est amené à prendre des mesures interdisant l’entrepôt et la circulation des chiffons au-delà d’une bande de quatre lieues au large des côtes, afin de mettre un terme aux exportations frauduleuses notamment vers la Hollande et l’Angleterre par les ports de Brest, Morlaix, Landerneau et Saint-Brieuc.
Une baisse de la production
Un nouvel édit sera promulgué trente-huit ans plus tard concernant cette fois la construction et le maintien des moulins à papier en dehors de cette zone littorale. Sans plus de succès hélas.
La persistance du trafic inquiète particulièrement les industriels au lendemain de la Révolution. Dans une lettre en date du 29 thermidor de l’an 10 (1800), les patrons de moulins de Pleyber-Christ, Plourin, Saint-Thégonnec et Taulé signalent qu’en l’espace de dix ans, la quantité de chiffons en provenance du Finistère a chuté de 70.000 quintaux entraînant du même coup une baisse importante de leur production.
Au regard du préjudice causé à l’économie du pays, en 1811 le sous-préfet de Morlaix juge la situation préoccupante.
Aux difficultés d’approvisionnement de chiffons, s’ajoutent les contraintes liées aux nuisances qu’ils génèrent. Intermédiaires entre les pilhaouers et les moulins à papier, les entrepôts, dont toutes les grandes villes sont pourvues, suscitent nombre de récriminations. Exemple à Brest où le voisin d’un magasin de haillons, situé rue de Siam, se plaint des « miasmes dangereux » auxquels sont exposés les habitants du quartier. D’où la nécessité de légiférer en la matière.
En 1815, une ordonnance royale impose aux préfets de procéder à des enquêtes de « commodo » et « incommodo » avant d’autoriser l’implantation d’établissements de ce type classés insalubres. Le problème est que ceux-ci revêtent une importance vitale et constituent de véritables industries.
Enjeu économique et social
Vers le milieu du XIX e siècle, ils emploient une cinquantaine de personnes à Morlaix, près de cent à Brest et plus de trois cents à Saint-Brieuc.
Enjeu économique donc, mais aussi social. Ainsi à Lanfains, près de Quintin, où une notice sur la paroisse établie par le recteur en 1864, mentionne que la classe des chiffonniers compte à elle seule de 700 à 800 hommes. Sitôt après la première communion, les garçons endossent le sac et commencent à battre le pays. En somme une véritable vocation.